12 décembre 2008

Les arbres de Jean-Paul Dupas

Un texte écrit il y a quelques mois:


C’est par un après-midi mouillé d’un février pluvieux que je m’arrête près d’une grande bâtisse de pierre posée dans le bocage vallonné de Trébry. Jean-Paul Dupas vit ici, entouré d’arbres centenaires, de bâtiments vénérables. Il expose des dessins en noir, gris et blanc, « La tentation du paysage », à la dernière biennale « Le Regard des Autres », fin 2007. Mais c’est pour évoquer d’autres travaux que je viens lui rendre visite : « Fantômes du bocage » et « Tronçonnage », présentés à la Roche-Jagu de juin à novembre derniers. Jean-Paul Dupas se soucie de la disparition des arbres, si rapide à être abattus, alors que si lents à pousser. C’est pourquoi il les dessine, grandeur nature, en un jet, comme une calligraphie, en une demi-heure, le temps qu’il faut pour en mettre un à terre. Son trait part de la cime, sur son papier posé au sol, un sol en ciment dont les reliefs marquent les troncs. Ses premiers arbres, il les trace au charbon de bois ou au fusain. Ses plus récents, à l’acrylique, emploient comme instruments de vieux balais, balayettes, brosses, qui leur donnent un air hirsute.

Son atelier est une bâtisse de 1673, au plafond bas, à l’éclairage parcimonieux, surtout par cette grisaille, et s’y déploie un bazar de pots de peinture, rouleaux de plastique de protection, récipients divers, brosses, pinceaux… Dans les niches, sur le rebord des petites fenêtres, des objets accouplés, poésie et humour, mise en scène, tels cette statuette de femme en bois associée à un morceau de bois à moitié brûlé, qui a pris la forme d’un siège, et dans lequel fut emprisonné lors de sa croissance un fil barbelé…

Son domaine se découpe en de multiples espaces, celui-ci par exemple qui abrite de curieux cabinets dans lesquels on regarde par de petits trous (de serrure) et qui dévoilent des assemblages surréalistes, des vanités.

Ailleurs, dans sa maison d’habitation, Jean-Paul me montre le trésor de ses travaux antérieurs, une production ininterrompue depuis ses débuts, classée soigneusement dans des cartons à dessin, dans de belles armoires anciennes. Des dessins, très nombreux. Car il est dessinateur avant tout.

Et lorsque ce sont des collages qu’il réalise, transparaît ce talent qu’il a, quelque soit l’outil, de traduire une scène, une atmosphère, avec justesse et précision.

Un jour, chez un brocanteur, il trouve un portefeuille abandonné dans un vieux meuble après la mort de son propriétaire, et qui contient des photos de famille, somme toute assez banales, et touchantes en même temps. Il décide d’en faire le point de départ d’un travail plastique de portraits d’après photos, « gouaches réalisées directement à la brosse en regardant les petites photographies,… personnages réanimés par la peinture en action », une vie réactualisée qui nous renvoie à nos propres souvenirs.


Il était présent à "La cour des Arts", à Pordic, et au Cap, à Plérin ("Son'Art"), en octobre et novembre.

Il accrochera ses collages "Illustrations sans texte" à la bibliothèque de Plaintel en janvier.


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